Zibal
est un petit génie. Ses inventions auraient d'ailleurs pu lui
rapporter des millions mais tout le monde n'est pas doué pour le
bonheur et Zibal, malgré ses diplômes, se retrouve à 42 ans
vendeur de macarons à l'aéroport d Orly.
Un
jour, devant son stand, apparaît Alice, une jeune et belle aveugle
qui s'apprête avec son labrador Jules à prendre l'avion pour Nice
où elle doit subir une opération pour recouvrer la vue.
L'intervention est un succès mais, pour Jules, affecté à un autre
aveugle, c'est une catastrophe. Jules fugue, retrouve Zibal et, en
moins de vingt-quatre heures, devient son pire cauchemar : il lui
fait perdre son emploi, son logement, ses repères. Compagnons de
misère, ils n'ont plus qu'une seule obsession : retrouver Alice.
Dire
que l'on a tous une place à tenir dans l'univers, un rôle à jouer
pourrait sembler un peu pompeux. Mais c'est tellement vrai. Parfois,
on erre comme des âmes en peine à la recherche de ce qui donnera un
sens à notre vie. Parfois, ce sens nous est imposé.
Jules
a été programmé pour tenir son rôle : il sera guide
d'aveugle. Le meilleur. Celui qui repousse le handicap. Alice sera sa
protégée.
Alice
mène sa vie comme elle le peut. Son handicap la hante depuis ses
dix-sept ans. Ses dix-sept ans qui ont marqué et conditionné sa vie à
jamais. Ses dix-sept ans qui ont fait d'elle ce qu'elle est. Elle vit
sa vie en clair-obscur. La lumière lui est refusée, elle décide de
se l'inventer, de recréer les couleurs, de vivre comme cela,
derrière sa forteresse avec ce qu'elle a reconstruit autour
d'elle. Jusqu'à
l'opération. Celle qui lui rendra la lumière. Celle qui lui
permettra de voir au-delà du voile de son imagination.
Mais
le destin est facétieux, il aime se jouer des gens, surtout de ceux
qui se cherchent. Zibal a une intelligence hors du commun, il s'intéresse à des choses extraordinaires, mais il survit en tenant
un stand de macarons à l'aéroport d'Orly. Un job alimentaire,
trouvé par sa voisine prostituée, mais qui lui suffit. Il peut se
consacrer à ses recherches sans trop avoir à se soucier du
lendemain. Il pense avoir trouvé une direction pour sa vie, le rôle qu'il
doit jouer. Mais c'était sans compter sur Jules...
Une
rencontre, et M. Macaron va hanter les pensées d'Alice... et de
Jules. Une rencontre et tout est remis en question. Tout est à refaire, il faut de nouveau ériger l'édifice de ce que nous sommes, pierre après pierre.
Alice
recouvre la vue, et son monde bascule. La vie de Jules est chamboulée. A
quoi sert un chien d'aveugle s'il n'a pas d'aveugle à guider ? Il
faut retrouver une autre voie à suivre et Jules, malgré les
coups du sort, sait parfaitement quel chemin il doit emprunter.
Un
très joli roman sur la place que chacun doit occuper dans le monde,
sur ce que l'on peut apporter aux autres, sur le sens de notre vie.
Servi par une écriture vive et rythmée, le récit suit les aventures de
Jules bien décidé à parvenir à ses fins et nous fait découvrir le monde des chiens d'aveugles (ainsi que certains pans plutôt farfelus de prime abord de la recherche
scientifique).
L'on
pourra trouver ce roman rocambolesque et beaucoup trop improbable. Mais il fonctionne vraiment très bien. La relation d'Alice et Fred, puis d'Alice-Fred-Zibal est surprenante,
mais réellement touchante. Et Jules est Jules, incarnation par l'amour, il va
être le trait d'union entre ces êtres qui se cherchent.
"Un
roman qui rend heureux dit la couverture". C'est on ne peut plus vrai. Une
lecture légère comme une bulle de savon, qui réconcilie avec
l'humain et fait encore plus apprécier la sincérité des animaux.
Avec eux pas de mensonges, pas de faux-semblants, juste la vérité.
Nous avons tous un rôle à jouer, il ne nous reste qu'à trouver lequel...
Ps: Chez moi, pas de labrador comme Jules (je ne comprends d'ailleurs pas la couverture de ce roman...), mais un drôle de chien qui fait tous les dégâts possibles et inimaginables et qui a tendance à jouer au bowling avec nos jambes. Il n'a toujours pas compris que ce n'est pas un chihuahua, mais on l'aime quand même très fort: