mardi 29 novembre 2016

Off Campus, Saison 1 The Deal, Saison 2 The Mistake, Elle Kennedy


The Deal

Hannah est une très bonne élève et elle a un don incroyable pour le chant. Mais quand il s'agit d'hommes et de séduction, elle perd tous ses moyens.
Garrett est la star de l'équipe de hockey de l'université, mais ses résultats scolaires ne sont pas à la hauteur et il risque de perdre sa place dans l'équipe.
Ils vont passer un drôle d'accord. Elle lui donne des cours et il l'aide à séduire le quaterback de l'équipe de football.
Cet arrangement original va-t-il changer leur vie ?

The Mistake

John Logan est une star de l'équipe de Hockey ce qui lui permet d'avoir toutes les filles qu'il veut. Mais derrière ses sourires de tueurs et son charme ravageur, se cache un être blessé et inquiet de son avenir qui ne s'annonce pas tout rose.
Quand il rencontre Grace, étudiante en première année, et il se dit qu'elle sera la fille idéale pour lui changer les idées. Mais Grace fini par le repousser à cause de son comportement et John va devoir se mettre en quatre s'il veut la récupérer.
Grace n'est plus la jeune fille timide et innocente du début de l'année, et elle compte bien lui faire payer son erreur. John va devoir élever son niveau de jeu.

En ce moment, la grisaille s'installe au-dessus de nos têtes, le froid semble (enfin) décidé à s'installer, les jours raccourcissent... Et notre moral se met en berne. Alors je me suis dit qu'il fallait s'en occuper un peu, parce qu'un moral en berne, cela peut faire du dégât, notamment chez moi... Je ne suis pas du genre à m'apitoyer sur mon sort, à larmoyer ou à me plaindre à tout va. Non, j'ai un truc contre le moral en berne, une arme secrète : j'achète. Pas des vêtements, ni des chaussures...

Bien sûr que non. Je suis raisonnable.

Oui, oui, je vous assure. Je suis l'incarnation vivante du raisonnable.

J'achète...

Des livres. Des tas de livres. Des montagnes de livres... Je vais vous épargner la photo du dernier carton reçu parce que euh... j'en connais une (suivez mon regard ici!) qui me dénoncerait à vous-savez-qui...

J'ai donc réfléchi (oui, oui, cela m'arrive...) à comment faire pour éviter une nouvelle crise d'achats compulsifs (parce que je n'arrête pas de dire à Doux Chéri que ce sont des livres d'occasion, que pas chers et patati et patata mais je vois bien ses sourcils qui se haussent en signe d'interrogation et qui, maintenant, me semblent de plus en plus sarcastiques, et j'ai failli frôler la crise cardiaque hier quand il a vérifié nos comptes... Heureusement, j'ai eu une super excuse : les cadeaux de Noël ! Ben oui, ça explique tout !)...

Bon, je m'égare. J'ai parfois tendance à faire des digressions, de longues digressions, mais vous avez sans doute déjà remarqué. Revenons donc à cette histoire de moral en berne et au comment éviter de fréquenter des sites malfamés qui proposent des livres à bas prix et qui vous permettent de cliquer tellement facilement sur le petit panier que votre PAL augmente d'un mètre de haut à chaque fois.
Donc pendant mes réflexions, je me suis rendu compte que cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu de visions indécentes sur ce blog. Cela manquait... Et que de telles visions pourraient flatter notre petit moral.

Rectifions donc cela.

Minute d'observation des couvertures. On respire profondément. GO !

Tic tac
Tic tac
Tic tac
Tic tac
Tic tac

Dring, la minute est écoulée. Moral remonté ? Il faut bien le reconnaître, ces couvertures sont... euh... Disons que ce sont des mâles très appétissants mais que, honte à moi, je n'oserais pas sortir un de ses ouvrages sur mon lieu de travail sans papier kraft pour les couvrir. C'est dommage d'ailleurs, je suis convaincue que certaines de mes collègues seraient plus guillerettes avec une petite dose de torses masculins de ce genre et que la sécu ferait quelques économies... Mais c'est un autre sujet.

Autre aveu, j'aime bien les histoires qui se passent dans les universités américaines. C'est un de mes petits péchés mignons, et s'il y a des sportifs dedans, c'est moi qui suis guillerette. Parce qu'une petite dose, ça ne fait de mal (et pas le mâle, oui, d'accord, mon humour est proportionnel à ma fatigue, je n'y peux rien, je travaille trop et ça atteint mes neurones)...

Encore une digression... Pas ma faute, c'est mon moral...

Bon, il est temps d'écrire quelques lignes sur cette série Off Campus. Quand même ! Mon blog est là pour ça.

Pour résumer, l'ensemble est terriblement cliché : des personnages assez stéréotypés (des sportifs beaux comme des Dieux, et des filles superbes, des personnages qui se cherchent, qui ont besoin des autres, des amis évidemment idéaux, toujours), des mésaventures assez convenues tout comme leurs réflexions, des commentaires qui parfois m'ont fait lever les yeux au ciel (le speach de Garrett sur les femmes et qui conclut par « Oui madame », this is not possible.), un présent de narration qui cache une écriture simple...

Mais contre toute attente, j'ai aimé.

Oui Mesdames, j'ai aimé (oh my god, Garret a même déteint sur moi!).

L'humour est présent et idéal en période de fatigue, c'est plein de bons sentiments, on sait que l'amour va triompher (pas d'interrogations sur la fin dans ce type de récit, mais ça a un côté rassurant), les filles s'assument et n'ont pas leur langue dans la poche, les garçons sont... euh, joker... censure... bref, ce sont de bons héros de roman.

Et moi, j'ai passé un chouette moment de lecture.

(J'ai même été obligée d'acheter le volume 3... Moral en berne je vous dis... )

D'accord, je suis faible. Mais je n'y peux rien, c'est l'hiver qui arrive, ça m'embrouille le cerveau.

Que celui ou celle qui n'a pas de petits plaisirs interdit quand il/ elle a le moral en berne me jette la première pierre !

Pour la chronique de L'ancre littéraire d'une Blondinette, tome 1, c'est ici !

lundi 21 novembre 2016

Le pacte du silence, Martine Delomme

Lors d'une fête, Elisabeth voit révélé au grand jour le secret qu'elle préservait soigneusement depuis 24 ans : son mari n'a pas disparu, il a été emprisonné après avoir provoqué un terrible accident de la route. Sous le choc, leur fils Louis demande à le rencontrer. En partant à sa recherche, Elisabeth découvre qu'elle n'est pas la seule à avoir menti : le jour du drame, son mari n'était pas seul dans la voiture... Mensonges, trahisons... la vie d'Elisabeth est sur le point de basculer.

Si l'on creuse un peu, toutes les familles renferment un sombre secret. Une passion interdite, une rébellion inavouée, une filiation honteuse, des envies indécentes... Ces secrets sont plus ou moins lourds de conséquences, ils peuvent permettre de comprendre certains membres ou complètement diviser, ils peuvent détruire ou rassembler.

Mais le pire est quand la révélation arrive, imprévue, coupante, sans nous laisser le choix. Ses répercussions peuvent être dramatiques.

C'est l'expérience qu'en fait Elisabeth, brillante femme d'affaires qui gère l'entreprise familiale d'une main de maître. Elisabeth Astier, des porcelaines Astier connait le monde des apparences, elle sait combien il faut les préserver, combien le privé ne doit pas se mêler au professionnel. De cette conduite dépend la bonne santé de son entreprise et tout ce qui en découle : les emplois, le train de vie, l'influence... son fils aussi, Louis, qui travaille avec elle et qui a eu le mauvais goût d'épouser une fille un peu trop vulgaire, qui n'est pas issue du même milieu et qui a tendance à ne pas savoir frayer avec ces apparences.

Parce que c'est un art dans lequel Elisabeth excelle, elle qui a dissimulé à son fils la réalité sur son ex-mari. Mais les langues se délient parfois trop vite, sans qu'on s'y attende et lors de l'anniversaire de sa grand-mère, celle-ci, champagne et mauvais caractère aidant, laisse échapper la vérité : Louis apprend que son père a provoqué, alors qu'il était dans un état avancé d'ébriété, un accident tragique dans lequel des enfants ont perdu la vie. Lui qui a toujours cru que son père les avait abandonnés découvre qu'en réalité, il était en prison pour purger sa peine, et surtout, que sa mère ne lui avait rien dit, sans doute pour protéger ces fichue apparences, pense-t-il un brin influencé par sa femme pleine de rancoeur. 

Commence alors, avec le désir de Louis de retrouver son père, une quête de la vérité. Mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Surtout qu'elles déchainent inévitablement un flot de conséquences.

Intrigues, manipulations, mensonges sont au rendez-vous dans ce roman qui flirte avec les genres. Thriller ? Saga familiale ? Les codes sont bouleversés, les limites sont floues.

J'ai apprécié cette immersion dans cette famille où l'on n'est pas ce que l'on est en réalité. La froideur apparente d'Elisabeth, son charisme, puis ses failles en ont fait un personnage assez fascinant.


Je regrette seulement qu'il n'y ait pas eu plus de suspens dans l'écriture alors que les situations amenaient des révélations percutantes. Il m'a manqué, pour embarquer complètement, cette tension narrative qui vous fait tressaillir et vous noue la gorge, mais sans doute était-ce dû à la difficulté du mélange des genres. J'ai complètement adhéré à l'univers familial vraiment très bien construit, aux relations entre les personnages très bien tissées, mais la fatigue étant omniprésente en ce moment, un électrochoc aurait été le bienvenu. 

Ce roman m'a bercée (et non pas endormie, il y a une vraie différence), alors que j'aurais voulu être secouée...

jeudi 17 novembre 2016

Anna, Niccolò Ammaniti

Sicile, 2020. Un virus mortel, « la Rouge », a déferlé sur l'Europe quatre ans auparavant et décimé la population adulte ; les jeunes, eux, sont protégés jusqu'à l'âge de la puberté. Anna se retrouve seule avec Astor, son petit frère de quatre ans.Elle doit affronter le monde extérieur avec ses cadavres, ses charognards, ses chiens errants et affamés, l'odeur pestilentielle, pour trouver, quand il en reste, des médicaments, des bougies, des piles, des boîtes de conserve, avec comme unique guide dans cette lutte pour la survie, le cahier d'instructions que lui a légué leur mère avant d'être emportée par la maladie. Lorsqu'Astor disparaît, Anna part à sa recherche, prête à défier les bandes d'enfants sauvages qui errent à travers les rues désertes, les centres commerciaux et les bois. Mais l'ordre appartient au passé et les règles d'autrefois ont été oubliées. Pour réussir à sauver Astor, Anna va devoir en inventer de nouvelles, parcourant ce monde à l'abandon où la nature a repris ses droits, ne laissant que les vestiges d'une civilisation qui a couru à sa propre perte.Une véritable odyssée des temps modernes où s'entremêlent lumière et ténèbres, un duel permanent entre la vie et la mort. 

J'aime tout particulièrement les atmosphères post-apo, je suis d'ailleurs une fan inconditionnelle de The Walking Dead (dont le premier épisode de la première saison a d'ailleurs très fortement malmené mon petit cœur). Mais ce qu'on oublie bien souvent, c'est que le post-apo ne concerne pas seulement les Zombies : l'Apocalypse peut revêtir d'autres visages.

Point de zombies ici, du moins de zombies tels qu'on les conçoit habituellement, mais « La Rouge », un virus qui décime la population dès qu'elle atteint l'adolescence, dès que les changements corporels se produisent. Anna, du haut de ces douze ou treize ans, approche à grands pas du moment où La Rouge s'appropriera son corps, mais pour le moment, elle est encore une fillette... Une fillette aux lourdes responsabilités qui doit s'occuper d'Astor, son petit frère, veiller sur lui, le protéger, jusqu'au moment où les « Grands », les adultes, il doit bien en rester quelque part, auront trouvé un vaccin. Ce n'est pas si simple lorsqu'on est soi-même une enfant, juste une enfant qui devrait courir après un ballon, ses couettes se balançant au gré de ses pas, ou jouer avec son vélo.

Mais si Anna court, c'est pour une autre raison, une raison de Grands : la survie.

Tout simplement.

Le risque majeur avec les romans post-apo est qu'ils ne soient pas à la hauteur de nos espérances. J'appréhende toujours le moment où je vais me plonger dans un nouveau récit de ce genre. Les personnages, l'atmosphère, la tension sont autant de composantes indispensables pour un roman efficace, autant de composantes qui peuvent complètement gâcher le moment espéré de lecture.

Mais Anna fait partie des romans qui touchent leur cible, de ces romans qui vous interpellent et dont on oublie même les failles. Certains points sont encore bien ancrés dans ma mémoire : pas de zombies au sens propre du terme, mais des zombies quand même, tout aussi cruels, voire plus étant donné que leur cerveau est bien actif.

J'ai parfois lu ci et là qu'il manquait d'action et je me suis demandée si nous avions lu le même livre. Ce roman en est plein et est d'ailleurs assez dérangeant parfois.

L'action se doit à la tension permanente, tout est un danger pour ces enfants : les chiens (Câlinou est une trouvaille vraiment réussie), le manque de nourriture, les autres enfants, le décor... Tous sont des obstacles dans cette course à la survie, dans cette course pour la vie. Il y a d'ailleurs un juste milieu entre cette tension et les moments plus tendres, ceux entre Anna et Astor, l'irruption de Pietro, Câlinou... L'auteur a su nous réserver des moments émouvants, drôles aussi, dans l'horreur environnante, il a su préserver des fragments d'enfance, un éveil à la vie, des émotions qui palpitent dans la poitrine et font bouillonner le sang dans les veines. 

J'avais oublié que l'enfer peut émouvoir...

Une réussite.


jeudi 10 novembre 2016

La vie selon Juan Salvador, palmipède d'Uruguay, Tom Michell,

Les plus belles histoires sont celles qui transforment votre vie pour toujours.

Tom Michell a vingt ans lorsqu’il quitte son Angleterre natale pour aller enseigner l’anglais en Argentine, des rêves de Che Guevara et de périples en mobylette plein la tête. Lors d’un court séjour en Uruguay, un accident pétrolier cause la mort de milliers de manchots. Sur la plage, alors qu’il contemple ce carnage, Tom remarque que l’un des animaux est toujours vivant. Il vient à son secours, le nettoie et le nourrit, lui sauvant ainsi la vie. Mais quand Tom le ramène à la mer pour le relâcher, le manchot refuse de le quitter. À plusieurs reprises, il ressort de l’eau et va même jusqu’à traverser la route pour rejoindre Tom. Qu’à cela ne tienne, ce dernier décide de l’emmener avec lui en Argentine. Terminée, la bohème cheveux au vent : commence alors une drôle de vie pour les deux nouveaux colocataires, mais l’espiègle manchot, désormais baptisé Juan Salvador, devient la mascotte de tout le campus. Personne ne résiste aux charmes de cet être hors pair qui finit par transformer l'existence de tous ceux qui croisent son chemin.

Parfois, il suffit de peu de choses pour marquer une vie, une décision prise à un moment « T », une rencontre au détour d'une rue, un sauvetage sur une plage...

Tom en fait l'expérience quand sa route croise celle d'un curieux animal, un pingouin englué dans une masse de pétrole et seul survivant d'un banc déjà mort étouffé. Tom aurait pu passer son chemin, faire comme s'il n'avait pas croisé le regard de l'animal, mais ces yeux... ces yeux l'ont fait commettre l'impensable : repartir avec le pingouin sous le bras et tenter de le sauver.

Je ne savais pas comment classer ce roman avant d'entamer sa lecture. Il avait des accents de Kourkov et de son pingouin ou encore de Sepúlveda et de son histoire de Chat et de Mouette. J'avais adoré les deux, j'adore l'Amérique Latine, il ne m'en fallait pas plus pour me lancer dans l'aventure.

Finalement, ce récit ne ressemble ni au pingouin de Kourkov, ni à la mouette de Sepulveda. C'est le récit d'une rencontre, avec pour toile de fond l'histoire mouvementée de l'Argentine dans les années 60-70. J'ai évidemment eu beaucoup de sympathie pour Juan Salvador, une certaine tendresse même, et la recherche, les explications de l'auteur sur les pingouins donnent un vrai réalisme à cette histoire. Au fil des pages, Juan Salvador devient un pilier du College où enseigne Tom : oreille attentive, être reposant, il amène les uns et les autres à communiquer et à se révéler. Se crée autour de lui une véritable communauté empreinte de solidarité dans le chaos de l'Argentine, une bulle de paix dans le tumulte de l'histoire. L'auteur par les pérégrinations du héros nous dresse un portrait de l'Argentine à l'époque : l'inflation, les pénuries, la langue et les langues parlées, la rudesse de l'environnement, sa beauté aussi, la photographie est fidèle. Je regrette juste que ces instantanés n'aient pas toujours été mis en relation direct avec le pingouin, que celui-ci ait été un peu trop absent du récit par moment, qu'il n'ait pas été un acteur dans cette Histoire en évolution, mais là est la frontière fiction et réalité, et c'est sans doute mieux ainsi.


mercredi 2 novembre 2016

Les vies de papier, Rabih Alameddine

Aaliya Saleh, 72 ans, les cheveux bleus, est inclassable. Mariée à 16 ans à « un insecte impuissant », elle a été répudiée au bout de quatre ans. Pas de mari, pas d'enfant, pas de religion... Non conventionnelle et un brin obsessionnelle, elle a toujours lutté à sa manière contre le carcan imposé par la société libanaise. Une seule passion l'anime: la littérature. Elle a en effet pour les mots un désir inextinguible. À tel point que, chaque année, le 1er janvier, elle commence à traduire en arabe l'un de ses romans préférés. Un travail ambitieux qui finit toujours par échouer dans un tiroir. Car les quelque trente-sept livres traduits par Aaliya au cours de sa vie n'ont jamais été lus par qui que ce soit.
Ce portrait d'une femme solitaire en pleine crise existentielle oscille sans cesse entre passé et présent dans un Beyrouth en constante mutation. Tandis qu'elle essaye de maîtriser son corps vieillissant et la spontanéité de ses émotions, Aaliya doit faire face à une catastrophe inimaginable qui menace de faire voler sa vie en éclats. Son ton mordant ne nous laisse pas indemne.

Pour commencer chaque nouvelle année, Aaliya a un rituel : choisir un ouvrage, parmi ses préférés bien sûr, et se lancer dans sa traduction. Nul désir d'être publiée ensuite, une fois le dernier point mis, le manuscrit ira rejoindre tous les autres enfermés dans les cartons qu'Aaliya garde précieusement dans son appartement, ces cartons pleins de vies de papier qui sont autant de compagnons pour cette femme vieillissante de 72 ans.

J'ai rarement été autant touchée par un personnage. Aaliya est une femme moderne qui a grandi dans un pays archaïsant. Mariée très tôt, comme bon nombre de femmes au Liban, elle a connu ce qui pour elle, fut la chance de sa vie : son mari l'a répudiée. A commencé pour elle, bien au-delà des regards qu'on lui portait, une vie indépendante, une vie de femme maîtresse de ses actes : un appartement, un travail de libraire, une liberté... La liberté de décider de ses choix, la liberté de vivre la vie qu'elle veut.

A travers les mots, les pensées, les digressions d'Aaliya, qui s'égare beaucoup comme elle-même n'hésite pas à le reconnaître, l'auteur peint une Beyrouth profondément marquée par la guerre et qui a du mal à panser ses blessures. Il dessine le portrait de femmes (l'immeuble d'Aaliya en est plein) qui ont réussi à vivre sans les hommes, à tisser des liens, une solidarité peu évidente dans ce contexte déchiré et déchirant.

Les mots de Rabih Alameddine sont souvent justes, beaucoup de thèmes sont abordés- la destruction, la reconstruction, la cohabitation, l'autre, la religion, les traditions, les hommes, les femmes, la famille les livres, le travail, la modernité...- et le regard porté par l'expérience de vie d'Aaliya les rend lourds de sens. J'ai été fascinée par ce petit bout de femme qui se retrouve avec des cheveux bleutés suite à une erreur de shampoing, par cette survivante qui fera ce qu'elle pourra pour survivre et garder son indépendance, qui aimera les livres autant qu'elle aimera la vie, par cette lectrice solitaire qui me bouleversera...

Sans aucun doute l'une de mes lectures les plus marquantes de l'année.


Pour la chronique du Chat du Cheshire, c'est ici